Georges Le Penven, « Citoyen du Monde »



La maison natale derrière le Radôme à Pleumeur-Bodou


Instructeur sur le Caledonien
LA ROYALE
Georges LE PENVEN (1888-1951)

Le 1er Mai 1947, paraissait, dans Ouest France , cet article retraçant la vie de Georges Le Penven.
Comme vous pouvez le constater, les LE PENVEN ont toujours aimé voyager, et se sont passionnés pour la mer.
M. Georges Le Penven qui, soit dit en passant, est un enfant de Pleumeur-Bodou, où il est né le 3 octobre 1888, est un marin, fils de marin, marié à une fille de marin. A 13 ans, le voilà mousse, se lançant sur les routes maritimes qui le conduiront vers toutes les nations du monde, sauf en Chine et au Japon.
Un coup de tête, un naufrage et il débarque en Australie, avec son frère Louis, où il vivra de 1905 à 1907 à garder les moutons.
Ayant gagné San-Francisco, en 1907, il y restera deux ans. Témoin d’un tragique tremblement de terre, il s’embauche au déblaiement . Ce n’est pas un métier. Il en cherche un, mais n’en trouve pas. Il fait un peu de tout pour gagner son pain. C’est à la suite de cela que son frère connaitra sa future, Martha, qu’il épouse et créera sa famille au New Jersey.
Soit par sagesse, soit par nostalgie, sans doute par l’une et l’autre, il se décide à rembarquer et, en 1909, il est rapatrié.
Entré au deuxième dépôt à Brest, il suit le cours de gabier, puis devient instructeur sur le Calédonien.


Mariage de Georges et Eugénie le 22juillet 1911 à Perros-Guirec


Campagne du Maroc en 1914 avec leur fille Simone âgée de 2 ans


Douala en 1924 avec leurs filles jumelles Anna et Madeleine âgées de 6 ans


Maitre de port à Douala en 1923
LES COLONIES
 
De 1913 à 1916, il séjourne à Casablanca.

De retour dans la métropole, il est patron de la Sonde, bateau hydrographe.
Salonique l’accueille en 1917 en qualité de commissaire du Gouvernement français à bord d’un bateau grec.
Le titre  était  plus  agréable  à Georges Le Penven que la fonction : il lui fallait dormir dans sa cabine avec un revolver sous l’oreiller.
Fin 1919, à bord du Fossé 1, remorquant le Chasselou-Laubat, Georges Le Penven revient en France pour un court séjour, va à Bizerte et se fait vite rapatrier.
En mars 1921, il est nommé,  N° 1 : maître de port à Douala au Cameroun, où il demeurera jusqu’en 1928, laissant derrière lui de très nombreuses réalisations : phares, ponts et autres.
Ami des animaux, Georges Le Penven, au Cameroun, ne s’intéressait plus aux moutons, mais aux éléphants
Ayant réintégré la marine en 1928, Georges Le Penven embarque à bord du Nancy, qui, à Toulon, fait fonction de remorqueurs de but.
Cette carrière mouvementée prend fin en 1934. Quel brave Français !
Citoyen du monde, certes, par cette vie errante à travers toutes les mers, au milieu de toutes les races, rencontrées sur tous les continents !
Mais Georges Le Penven est un bon et grand Français qui a servi son pays de tout son cœur. Ses services dans la marine lui ont valu, avec le grade  de 1er maître de manœuvre, la croix de Chevalier de la Légion d’honneur et la Médaille militaire.
Faut-il dire aussi que Georges Le Penven a obtenu la médaille de sauvetage : le legs  » Henri Durand », de Blois, et de nombreux témoignages officiels de satisfaction.
En octobre 1913, il est resté 18 heures à la mer pour porter secours aux naufragés de trois bateaux qu’un raz-de-marée avait fait sombrer. 
 
L’année d’avant, il avait plongé dans la Penfeld pour en sortir un gosse qui se noyait.
Complétons ces quelques renseignements en disant que Georges Le Penven a eu quatre enfants, dont deux sont, hélas, décédés.
Il a un fils marin, qui sert à Saïgon, et est lui-même père de trois enfants.
  
Sa sœur vient de mourir en Angleterre.
L’un des fils de son frère, établi en Amérique, est mort à Pearl-Harbour.
Il était le commandant de bord d’une forteresse volante.

Vers Rouzic avec Monsieur Génie le patron de « La Mouette »


En route vers les 7 Iles avec ma fille et mon gendre et quelques visiteuses


Il faut débarquer les visiteurs autorisés



Et ramener toutes les femmes et les enfants à bon port


MACAREUX et FOUS DE BASSANS
   
Macareux, Pingouins et Fous de Bassan
    Connaissant la noble vie de marin de Georges Le Penven, nous ne saurions nous étonner du choix du Prince Paul Murat et nous comprenons que celui-ci ait insisté pour obtenir son acceptation au poste de garde de la réserve ornithologique.
Nous n’entreprendrons pas, aujourd’hui, de conter l’historique de cette réserve. Précisons seulement qu’elle a pour but de protéger les oiseaux, pour la plupart migrateurs, dont on a remarqué, il y a quelques années, la présence aux Sept-Iles.
Parmi les nombreux oiseaux, signalons les Macareux, appelés communément Calculots dans le pays, des Religieuses, des Pies de mer, des Pingouins, des Faucons, et, inévitablement, des Goélands et des Cormorans. à toutes ces espèces, ajoutons les Fous de Bassan, nouveaux venus, qui semblent fort se plaire dans nos régions. Ces Fous de Bassan, par le passé, survolaient les Sept-Iles lors de leurs migrations. Mais ne s’y arrêtaient pas. Un beau jour ils s’y sont posés et depuis, ces rochers les reçoivent chaque année.
Il nous est aussi impossible de nous attarder aux mœurs curieuses de ces hôtes de nos îles. Sachons, toutefois, que les macareux, par exemple, venus aux Sept-Iles dans la première quinzaine d’avril et qui en partiront vers la mi-août, ne pondent que deux œufs par an au maximum, et souvent ils n’en pondent qu’un.
Et il nous sera aisé de comprendre pourquoi s’impose la protection de ces oiseaux dont l’espèce disparaitrait vite si l’on laissait agir à leur guise les braconniers et les ornithologistes de fantaisie?
Pour que cette protection soit efficace, un garde est nécessaire.
    


En pêche
 

Amours de FOUS

ROUZIC UN PARADIS POUR LES OISEAUX


Les merveilleux FOUS


Sa maison rue de l’Yser


Les macareux surnommés   « les P’tits Georges » par ses amis pêcheurs ! ! !

 Fous de Bassan


Rouzic et les Fous
CAHIER DE BORD

Avril 1939 Longé les Iles, pour la relève des phares, aperçu plusieurs groupes de calculots dont je peux évaluer le nombre, mais surtout au large à l’abri du Cerf les guillemots sont nombreux.
Vu le troupeau de moutons en parfait état.
 
6 Avril
Visite de Rouzic, placé une plaque de la Réserve dans l’ouest, celle du sud est encore en bon état. Les calculots sont très nombreux, dans les anses,  à terre très peu.      Trouvé un nid de Faucon. Les cormorans et les goélands ont commencé leurs nids.
8 Avril
 
Approche des 7iles impossible de descendre, grosse mer.
10 Avril
Accosté Malban, placé la 2ème plaque, les oiseaux sont moins nombreux qu’à Rouzic, quoique dans les anses on ne peut les dénombrer. Aperçu le couple de Faucons.

13 juin 1940:   Sorti, rien de particulier.
15 juin : idem
16 juin : Longé le cerf. Les pingouins sont très nombreux.
18 juin : Rien à signaler.
21 juin : Trouvé un mouton mort à la pointe Est de Bono.
22 juin : Rien à signaler.
23 juin : idem.
26 juin : idem.
29 juin : idem.
30 juin : Les pêcheurs n’ayant plus d’essence ne vont plus en mer.
 
1er juillet : Rien de particulier
2 juillet : idem.
4 juillet : idem
6 juillet : idem
7 juillet : Le gardien de Phare Courtin me prévient que les Allemands (Officiers) ont tué 2 moutons pour avoir les têtes. J’ai laissé 1 aux gardiens et descendu l’autre à terre et distribué aux pauvres.
9 juillet : Fait une réclamation auprès des autorités militaires allemandes après avis de Mr Le Maire.
12 juillet : Reçu la visite de 2 officiers allemands pour me rendre aux Iles le 14.
       
 3 janvier 1940 Visite Bono et l’ile aux moines, vu le troupeau qui a l’air de bien supporter le temps qui est très froid.
8 Janvier
  Visite des Iles, rien de particulier, le mauvais temps persiste.
13 Janvier
  Malgré le mauvais temps et le froid, j’ai visité les Iles. Le troupeau me semble souffrir un peu du manque de nourriture.
24 Janvier
 
J’ai vu le troupeau en deux groupes. Je crois qu’il manque trois ou quatre. A moins qu’ils se soient cachés et que je n’ai pu les rencontrer.
27 Janvier
Même constatation que le 24. Je n’ai pas non plus rencontré le boiteux. Dès les beaux jours je compte visiter les falaises tout autour de Bono et l’Ile aux moines pour tâcher de voir s’il n’y a pas eu d’accidentés. Les fous de Bassan sont bien plus nombreux cette année.   

  14 juillet 1940
Visité les Iles avec les officiers allemands. Ils sont descendus sur l’Ile aux Moines et passés à côté de Malban et de Rouzic. Ces Messieurs m’ont promis qu’ils ne tireraient pas sur les oiseaux. Tous ces Messieurs ont été très corrects.    
16 juillet : Tournées des Iles avec les officiers allemands. Rien de particulier.
18 juillet : Les macareux sont toujours nombreux aux Iles.    
20 juillet : Même observation. Je n’ai pas pu savoir si les faucons ont niché cette année.    
21 juillet : Rien à signaler.
23 juillet : sorti.
24 juillet : idem.
26 juillet : idem.
27 juillet : idem.
29 juillet : Rien à signaler.
30 juillet : aperçu le troupeau divisé en trois groupes.
  2 août :  Les macareux commencent à se grouper pour le départ.
  3 août : Même constatation. Fait le tour de Rouzic et Malban.
  4 août : Pêché autour de Bono. Rien de particulier.
  7 aoùt : Les macareux sont presque tous partis.
  8 aoùt : Sortie avec les autorités allemandes. Visité les alentours de Malban et Rouzic.
Dossier réalisé par Jean-Charles OGER, avril 2016