Le mystère des chaînes

En quête d’une parcelle de patrimoine

Combien rares sont celles et ceux qui m’ont encouragé à poursuivre inlassablement ma quête d’identification de l’un de mes ascendants dont le cursus atypique constitue à lui seul une pièce isolée et négligée de notre patrimoine trégorois.

La carte de visite de notre héros devrait attirer l’intérêt de beaucoup puisque durant quelques années il fût forçat. Ce n’était certes pas à l’époque un état particulièrement exceptionnel car, autres temps autres mœurs, on était accueilli au bagne et marqué aux fers pour le vol d’un sac d’avoine… L’intérêt s’accroît lorsqu’on apprend qu’il fût condamné pour meurtre ; il redouble lorsqu’on enregistre qu’il passa environ dix ans de sa vie dans ce monde carcéral très particulier pour être finalement reconnu innocent du crime dont il avait été accusé.

Comme l’indique une plaque commémorative apposée sur le mur d’enceinte de l’enclos d’une de nos belles chapelles, il avait pendant sa captivité fait vœu d’aller y porter à pieds nus ses chaînes s’il était un jour reconnu innocent. Il eût ce rarissime bonheur de pouvoir exhaucer ce vœu. Ses chaînes sont accrochées bien en évidence, en ex-voto, dans la très accueillante chapelle de Saint-Carré en Lanvellec.

Cerise sur le gâteau… en dépit du fait que de très nombreux visiteurs se soient enquis de l’identité de cet homme, nul ne semble être en état de fournir une réponse à cette très naturelle question. Quelques historiens locaux ont mentionné ces faits mais ils n’étaient pas suffisamment motivés pour apporter l’éclairage nécessaire. Les représentants ecclésiastiques locaux ne semblent pas davantage posséder les éléments de réponse ; ce qui est surprenant dans la mesure où l’on image difficilement que l’on puisse déposer quelque objet dans une chapelle sans qu’un document d’archives ait été émis. Reste le sacro-saint secret… mais concernant quoi ou qui : l’histoire de la malheureuse victime d’une erreur judiciaire vieille de 150 à 200 ans !

Et si nous repartions du point zéro de cette quête tous ensemble à l’ouverture proche du siècle de l’information ?

Les données de base peuvent se résumer très (trop) simplement. Elles sont issues de souvenirs très atténués des relations que mon grand-père me fit de cette affaire voici quelque cinquante années, souvenirs récemment ravivés par des brides de confidence d’une vieille personne résidente locale.

Notre héros habitait avec son épouse à Pavé Dir en Plounevez-Moëdec à l’époque des faits. Son patronyme était très probablement Trédan. Les faits se situent dans la période 1800-1840.

Voici un extrait en breton de l’inscription quadrilingue français-breton-anglais-allemand figurant sur la plaque apposée sur le mur de l’enclos
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Lecteurs, vous en savez presque autant que moi. Si vous êtes intéressés de connaître la solution de ce rébus apportez, si vous le pouvez, votre modeste contribution. Le Trégor y gagnera en transparence et enrichira encore sa qualité d’accueil.

Jean LE PENVEN